Michel Reymondin
Expert en œuvres d’art

    

François AEBY

Né le 10 janvier 1967

Voilà un plasticien qui nous vient droit de son Fribourg natal, privilégié par un père artiste-peintre qui a su lui inculquer la beauté du geste. Doté d’un physique à mi-chemin entre Cary Grant et Clark Gable, ce dernier a voulu conquérir l’Amérique en mettant en boîte, pour commencer, la ville de New-York. Ambition mégalomaniaque ou naïveté suprême ! Ni l’un ; ni l’autre ! Sous ses apparences de beau gosse pour papier glacé, une sensibilité exacerbée bouillonne en son être et il veut nous communiquer tout le ressentit de son univers personnel sur sa vision du monde. Mieux, il souhaite ardemment le façonner pour le simplifier en ramenant tout l’artifice de notre société à l’essentiel. Et c’est ici que ses créations prennent véritablement corps. Brutales mais exprimées avec douceur ; violentes mais dotées d’un regard bienveillant ; fulgurantes mais d’une lenteur programmée. Pour ce faire, il répète à l’infini ses sujets pour mieux nous faire passer son message, aux travers des multiples sérigraphies, peintures ou objets ciselés qui, chacun, à sa propre personnalité adaptée au futur acquéreur. Il n’est pas en reste de partager sa passion et, son âme transmigre par l’œuvre façonnée sans jamais lasser. Il touche le spectateur car il perçoit, sans s’en douter, les milliers de gênes léguées par-delà les générations de ses aïeuls, aux confins de l’Homo Habilis, lequel a déjà suggéré l’essentiel en puisant dans la nature sa substantielle moelle.

François AEBY est vrai, sans concession, prêt à nous proposer un monde meilleur, désencombré de tout l’artifice que nous autres, contemporains, avons bâtis pour mieux nous protéger des agressions extérieures. Il nous fait découvrir l’enveloppe charnel dans sa nudité extrême, par l’utilisation de toutes les techniques naturelles de créativité parfaitement maîtrisées et ce, sans artifice. Un poli-créateur qui renouvelle la tradition à l’image des artistes de la Renaissance, à la fois peintre, architecte, décorateur et écrivain porteurs d’espoir…

Montreux, le 19 mai 2016

Cabinet d’expertises   2, avenue des Alpes    1820-Montreux

michelreymondin@bluewin.ch


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François Aeby a grandi et a su, au fil du temps, se tracer une voie personnelle entre deux figures tutélaires : son père, l’artiste Teddy Aeby, avec lequel une même vivacité de tempérament et une ressemblance physique s’accentuent avec le temps et le peintre Armand Niquille, son parrain, qui l’accueillait avec bienveillance lors de ses fréquentes visites à l’atelier. L’un et l’autre marquent le jeune homme formé aux arts graphiques dans l’atelier Prin à Fribourg. Outre une passion pour les grands espaces et la pêche au saumon en Alaska, il hérite du premier un sens évident du dessin qu’il met au service de son travail de graphiste. Il est reconnaissant au second de l’avoir incité à trouver son propre langage artistique, mais il l’avoue, le fait d’avoir observé si souvent Armand Niquille entamer une toile par une construction de lignes orthogonales n’a pas été sans importance sur son propre travail. 

François Aeby est un créateur atypique : sérigraphies, objets d’art, mobilier et vitraux qui sortent de son atelier sis rue des Epouses à Fribourg y sont exécutés jusque dans leurs finitions. Inventeur de concepts, il se met à l’épreuve de les réaliser lui-même. Créer, de A à Z, des œuvres d’arts appliqués est le credo de cet artiste qui revendique son indépendance. Ainsi l’édition de 50 exemplaires de New York in a box (2007) précède un séjour de deux ans dans la Pomme. Pour en rendre compte à sa manière, mais aussi pour faire le point de 15 ans de création, il signe un film de 30 minutes Aeby Swiss Artist, New York in a box, avec le vidéaste Brian Tornay. L’histoire policière factice, dans laquelle il est un des protagonistes, est un prétexte pour se mettre à nu, évoquer le statut difficile d’artiste comme celui de présenter en filigrane les multiples facettes de son travail.                                     Text : Banque Cantonale Fribourgeoise